samedi 17 novembre 2018

RDC : Le choix à faire pour réussir les élections du 23 décembre prochain


Peu après la facétie de Genève au tours d’une candidature commune de l’opposition congolaise à la présidentielle annoncée en RDC pour le 23 décembre 2018, un journaliste indépendant m’a, désespérément en tout cas, interrogé en ces termes : Pouvons-nous, vraiment, réussir ces élections ? Le peuple congolais, peut-il, vraiment réussir ces élections ? Ma réponse s’est voulue volcanique et brève. La voici.

Les problèmes de la RDC aujourd'hui sont énormes et bien plus profonds qu'ils en donnent l'air. Ils s'enracinent dans un étourdissement aussi bien de l'élite congolaise (au sens pluriel du terme) que du citoyen lambda lui-même.

Lorsqu' un peuple est confronté à ce genre de problème, il se retourne vers lui-même, rassemble ses forces vitales, les énergies ainsi que le génie de ses filles et fils. Il ne fait surtout pas le contraire. Il ne cède pas à la naïveté d'attendre des solutions miracles. Surtout pas de la part d'une agitation électorale pire et simple comme nous risquons bien d'en faire le 23 décembre 2018, si nous nous ne faisons pas le choix qu'il nous convient urgemment de faire. 

A près la fâcheuse aventure de Genève et les limites caustiques dont elle a fait montre, je pense, pour ma part, à la suite du philosophe congolais Kä Mana, que ce choix est celui de sortir du projet gagnants-perdants selon lequel nos élections se préparent manifestement et entreprendre de faire résolument et ensemble des élections où tout le monde gagne. 

Cela non seulement à l’échelle des luttes politiques complètement dérisoires qui se mènent maintenant entre partis politiques, mais surtout à l’échelle des relations entre les différents leaders (au sens global du terme) et le peuple dans son ensemble.

Dans l'état actuel de nos sociétés, il paraît quelque peu illusoire d'attendre des élections des hommes nouveaux ou encore un véritable changement dans la gestion de la res publica. Dans un passé récent, la seule chose que les élections ont vraiment réussi à faire dans les sociétés africaines, c'est déshabiller St Pierre pour habiller St Paul. On les a même vus, plus d'une fois, se complaire de glisser une casaque grise au dessus de la casaque noire d'un seul type.

Ce qui compte, dit justement Kä Mana, c'est de comprendre qu’il est toujours important pour un peuple de refonder sa destinée en entrant dans un grand débat avec lui-même grâce à la solennité qu’il donne à certains moments de son histoire en les transformant en creuset d’un face à face avec son propre destin. Les élections annoncées en RDC pour le 23 décembre 2018 peuvent être ce grand moment de confrontation solennelle avec nous-mêmes. C’est le moment où il ne s’agit pas de s’accuser les uns les autres sur ce qui ne va pas chez nous et de nous lancer à la figure tous les péchés d’Adam et tous les défauts d’Eve dont nous sommes tous conscients à un degré ou à un autre aujourd’hui, mais de nous poser des questions essentielles et fondamentales sur nous-mêmes et notre pays.

Ces questions, Kä Mana les pose en ces termes:

-        Pourquoi ce pays qui est le nôtre n’arrive-t-il pas à produire autre chose que la crise dans laquelle nous sommes depuis notre indépendance ?
-        Pourquoi le leadership auquel nous avons doté notre action souffre-t-il de tant de carences de génération en génération ?
-        Pourquoi le mal congolais est-il devenu une structure fondamentale de notre société?
-        Quelles sont nos responsabilités individuelles et communautaires dans ce qui nous arrive depuis si longtemps ?
-        Que devons-nous faire pour changer l’orientation de notre destin et construire une grande destinée congolaise ?
-        Où sont nos devoirs et nos pouvoirs à assumer pour faire émerger un Congo nouveau ?

Pour le penseur Congolais, il y a dans ces questions une exigence d’auto-évaluation constructive pour chaque Congolais et pour tout le peuple Congolais, qui devrait constituer le cadre dans lequel nous devons penser le processus électoral du 23 décembre prochain.

A ce qu'il paraît, le cours naturel des ces élections conduit à une catastrophe. Mais si nous réussissons à les maîtriser et à les réorienter, un autre avenir est possible. Nous pouvons donner un sens à ces élections. Nous pouvons les réussir. Tous. Si nous faisons le bon choix, chacun à son niveau.  

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