Peu
après la facétie de Genève au tours d’une candidature commune de l’opposition
congolaise à la présidentielle annoncée en RDC pour le 23 décembre 2018, un
journaliste indépendant m’a, désespérément en tout cas, interrogé en ces
termes : Pouvons-nous, vraiment,
réussir ces élections ? Le peuple congolais, peut-il, vraiment réussir ces
élections ? Ma réponse s’est voulue
volcanique et brève. La voici.
Les problèmes de la RDC aujourd'hui
sont énormes et bien plus profonds qu'ils en donnent l'air. Ils s'enracinent
dans un étourdissement aussi bien de l'élite congolaise (au sens pluriel du
terme) que du citoyen lambda lui-même.
Lorsqu' un peuple est confronté à ce
genre de problème, il se retourne vers lui-même, rassemble ses forces vitales,
les énergies ainsi que le génie de ses filles et fils. Il ne fait surtout pas
le contraire. Il ne cède pas à la naïveté d'attendre des solutions miracles.
Surtout pas de la part d'une agitation électorale pire et simple comme nous
risquons bien d'en faire le 23 décembre 2018, si nous nous ne faisons pas le
choix qu'il nous convient urgemment de faire.
A près la fâcheuse aventure de Genève
et les limites caustiques dont elle a fait montre, je pense, pour ma part, à la
suite du philosophe congolais Kä Mana, que ce choix est celui de sortir du
projet gagnants-perdants selon lequel nos élections se préparent manifestement
et entreprendre de faire résolument et ensemble des élections où tout le monde
gagne.
Cela non seulement à l’échelle des
luttes politiques complètement dérisoires qui se mènent maintenant entre partis
politiques, mais surtout à l’échelle des relations entre les différents leaders
(au sens global du terme) et le peuple dans son ensemble.
Dans l'état actuel de nos sociétés, il
paraît quelque peu illusoire d'attendre des élections des hommes nouveaux ou
encore un véritable changement dans la gestion de la res publica. Dans un passé
récent, la seule chose que les élections ont vraiment réussi à faire dans les
sociétés africaines, c'est déshabiller St Pierre pour habiller St Paul. On les
a même vus, plus d'une fois, se complaire de glisser une casaque grise au
dessus de la casaque noire d'un seul type.
Ce qui compte, dit justement Kä Mana,
c'est de comprendre qu’il est toujours important pour un peuple de refonder sa
destinée en entrant dans un grand débat avec lui-même grâce à la solennité
qu’il donne à certains moments de son histoire en les transformant en creuset
d’un face à face avec son propre destin. Les élections annoncées en RDC pour le
23 décembre 2018 peuvent être ce grand moment de confrontation solennelle avec nous-mêmes.
C’est le moment où il ne s’agit pas de s’accuser les uns les autres sur ce qui
ne va pas chez nous et de nous lancer à la figure tous les péchés d’Adam et
tous les défauts d’Eve dont nous sommes tous conscients à un degré ou à un
autre aujourd’hui, mais de nous poser des questions essentielles et
fondamentales sur nous-mêmes et notre pays.
Ces questions, Kä Mana les pose en ces
termes:
-
Pourquoi ce pays qui est
le nôtre n’arrive-t-il pas à produire autre chose que la crise dans laquelle
nous sommes depuis notre indépendance ?
-
Pourquoi le leadership
auquel nous avons doté notre action souffre-t-il de tant de carences de
génération en génération ?
-
Pourquoi le mal congolais
est-il devenu une structure fondamentale de notre société?
-
Quelles sont nos
responsabilités individuelles et communautaires dans ce qui nous arrive depuis
si longtemps ?
-
Que devons-nous faire pour
changer l’orientation de notre destin et construire une grande destinée
congolaise ?
-
Où sont nos devoirs et nos
pouvoirs à assumer pour faire émerger un Congo nouveau ?
Pour le penseur Congolais, il y a dans
ces questions une exigence d’auto-évaluation constructive pour chaque Congolais
et pour tout le peuple Congolais, qui devrait constituer le cadre dans lequel
nous devons penser le processus électoral du 23 décembre prochain.
A ce qu'il paraît, le cours naturel
des ces élections conduit à une catastrophe. Mais si nous réussissons à les
maîtriser et à les réorienter, un autre avenir est possible. Nous pouvons
donner un sens à ces élections. Nous pouvons les réussir. Tous. Si nous faisons
le bon choix, chacun à son niveau.
oui, il est grand temps pour refonder notre destiné !
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