C’est sous l’emprise d’une fierté inouïe que je vous présente dans ce billet Innocent Mpoze Missy.
J’estime ce jeune littérateur
de Goma pour sa capacité à produire, par lui-même, une pensée d’intuitions
germinales dans une rigueur de démarche méthodologique. En effet, je me méfie
et appelle à la méfiance à l’égard d’une certaine classe d’Ecrivains (Goma et RDC) dont les écrits portent à croire
qu’ils écrivent soit pour avoir simplement vu écrire soit pour avoir simplement
entendu écrire. Il suffit d’interroger profondément leurs œuvres prétendument prospectives
et fertiles pour en appréhender la visée que limite un manque d’ambition utopique et
dont une crise de lucidité et de grandeur impose des vocations qui courent le
risque d’affirmation d’une agitation littéraire des tréfonds des êtres.
Né à Goma, Innocent Mpoze est
un jeune universitaire, écrivain et chercheur affilié au Centre des recherches pluridisciplinaires
sur les communautés d’Afrique noire et des diasporas, CERCLECAD basé à Ottawa. Sous un œil attentif du philosophe
congolais Kä Mana (dont il est un disciple attentif et un lecteur diligent), il
dirige une revue des jeunes dite Revue
Alternative et participe activement à l’Université Alternative pour
l’éducation des jeunes à la transformation sociale de Pole Institute. Fervent
lecteur, critique littéraire et recensioniste de talent, son oreille est très
sensible à la voix des essayistes, des philosophes et des théologiens africains
qu’il croise sur son chemin littéraire. Toujours porteuses d’un message visionnaire
et fertile, ses productions prospectives pensent et prophétisent une RDC et une
Afrique de grandeur et de puissance lumineuses.
Découvrez-le vous-mêmes et par
lui-même dans cet extrait de sa réflexion sur le sens de son engagement
littéraire et scientifique :
Si
je me dirais avoir idée de la vision de l’école reçue de ma famille (étudier
pour devenir quelqu’un et étudier pour s’inscrire dans l’histoire), c’est à
partir de ce que je retins de mon cours de latin : decet hominien stantem mori. Depuis lors, devenir quelqu’un me parut
mourir la stature débout. M’inscrire dans l’histoire n’était rien d’autre que rester
débout maintenant, demain et à jamais. Mais dans quelle histoire faudrait-il
s’inscrire ? Si l’histoire est le passé de l’homme depuis son apparition
sur la terre jusqu’à nos jours, comment cela peut-il être possible ? Comment
est-ce possible de lier l’histoire et cette volonté de se maintenir débout pout
l’éternité, quand celle-ci est une ligne déjà derrière nous ? Je me devais
de comprendre alors que l’histoire dont me parlaient mes parents n’était pas
dans le passé mais bien dans l’avenir. Oui l’histoire est à venir, elle est le non-encore fait.
Dans un contexte des crises protéiformes que nous
vivons en Afrique aujourd’hui, il me semble utile d’élargir ma vision de
l’école. Il ne s’agit pas aujourd’hui d’inscrire l’Afrique dans l’histoire, mais
il s’agit de penser l’histoire à partir de l’Afrique. Oui, c’est à partir
d’elle que doit se (ré)penser l’histoire. Si l’histoire est à venir, il est
tributaire des rêves et du vécu que tout peuple se donne dans une vision de
grandeur par l’impulsion des mythes fondateurs et des récits structurants.
Comme dirait le professeur Kä Mana, les hommes font l’Histoire en inventant les
mythes, les mythes font les hommes en structurant l’Histoire, ainsi naissent
les récits-forces et les narrations-puissances qui sont les moteurs de la
destinée humaine.
L’histoire
présente de l’Afrique n’est-elle pas un signe interpellateur pour un engagement
qui ferait d’elle un atout de pointe pour le devenir de l’humanité ? Pour
le devenir de l’humanité, l’Afrique sera
un atout de taille ou ne le sera pas. Cette Afrique porteuse de
l’humanité, je veux qu’elle soit en moi et moi en elle. Elle doit être l’inépuisante
fontaine pour abreuver ma plume et meubler les jours qui me restent à vivre. Pour cette raison, je me suis décidé
depuis le début de ma scolarité à l’université, d’être un lecteur diligent pour
m’informer afin d’apprendre à penser par moi-même. Dans ma posture de disciple
aujourd’hui, j’essaie de rassembler les outils nécessaires pour signer un jour
la fin des travaux de construction de ce chantier qui n’est encore qu’à ses
débuts.