mercredi 20 septembre 2017

Goma, Hommage à Innocent Mpoze, jeune plume visionnaire, libératrice et prophétique


C’est sous l’emprise d’une fierté inouïe que je vous présente dans ce billet Innocent Mpoze Missy. 

J’estime ce jeune littérateur de Goma pour sa capacité à produire, par lui-même, une pensée d’intuitions germinales dans une rigueur de démarche méthodologique. En effet, je me méfie et appelle à la méfiance à l’égard d’une certaine classe d’Ecrivains (Goma et RDC) dont les écrits portent à croire qu’ils écrivent soit pour avoir simplement vu écrire soit pour avoir simplement entendu écrire. Il suffit d’interroger profondément leurs œuvres prétendument prospectives et fertiles pour en appréhender la visée  que limite un manque d’ambition utopique et dont une crise de lucidité et de grandeur impose des vocations qui courent le risque d’affirmation d’une agitation littéraire des tréfonds des êtres.

Né à Goma, Innocent Mpoze est un jeune universitaire, écrivain et chercheur affilié au Centre des recherches pluridisciplinaires sur les communautés d’Afrique noire et des diasporas, CERCLECAD basé à Ottawa. Sous un œil attentif du philosophe congolais Kä Mana (dont il est un disciple attentif et un lecteur diligent), il dirige une revue des jeunes dite Revue Alternative et participe activement à l’Université Alternative pour l’éducation des jeunes à la transformation sociale de Pole Institute. Fervent lecteur, critique littéraire et recensioniste de talent, son oreille est très sensible à la voix des essayistes, des philosophes et des théologiens africains qu’il croise sur son chemin littéraire. Toujours porteuses d’un message visionnaire et fertile, ses productions prospectives pensent et prophétisent une RDC et une Afrique de grandeur et de puissance lumineuses.

Découvrez-le vous-mêmes et par lui-même dans cet extrait de sa réflexion sur le sens de son engagement littéraire et scientifique :

Si je me dirais avoir idée de la vision de l’école reçue de ma famille (étudier pour devenir quelqu’un et étudier pour s’inscrire dans l’histoire), c’est à partir de ce que je retins de mon cours de latin : decet hominien stantem mori. Depuis lors, devenir quelqu’un me parut mourir la stature débout. M’inscrire dans l’histoire n’était rien d’autre que rester débout maintenant, demain et à jamais.  Mais dans quelle histoire faudrait-il s’inscrire ? Si l’histoire est le passé de l’homme depuis son apparition sur la terre jusqu’à nos jours, comment cela peut-il être possible ? Comment est-ce possible de lier l’histoire et cette volonté de se maintenir débout pout l’éternité, quand celle-ci est une ligne déjà derrière nous ? Je me devais de comprendre alors que l’histoire dont me parlaient mes parents n’était pas dans le passé mais bien dans l’avenir. Oui l’histoire est à venir, elle est le non-encore fait.
Dans un contexte des crises protéiformes que nous vivons en Afrique aujourd’hui, il me semble utile d’élargir ma vision de l’école. Il ne s’agit pas aujourd’hui d’inscrire l’Afrique dans l’histoire, mais il s’agit de penser l’histoire à partir de l’Afrique. Oui, c’est à partir d’elle que doit se (ré)penser l’histoire. Si l’histoire est à venir, il est tributaire des rêves et du vécu que tout peuple se donne dans une vision de grandeur par l’impulsion des mythes fondateurs et des récits structurants. Comme dirait le professeur Kä Mana, les hommes font l’Histoire en inventant les mythes, les mythes font les hommes en structurant l’Histoire, ainsi naissent les récits-forces et les narrations-puissances qui sont les moteurs de la destinée humaine.
L’histoire présente de l’Afrique n’est-elle pas un signe interpellateur pour un engagement qui ferait d’elle un atout de pointe pour le devenir de l’humanité ? Pour le devenir de l’humanité, l’Afrique sera  un atout de taille ou ne le sera pas. Cette Afrique porteuse de l’humanité, je veux qu’elle soit en moi et moi en elle. Elle doit être l’inépuisante fontaine pour abreuver ma plume et meubler les jours qui me restent à vivre. Pour cette raison, je me suis décidé depuis le début de ma scolarité à l’université, d’être un lecteur diligent pour m’informer afin d’apprendre à penser par moi-même. Dans ma posture de disciple aujourd’hui, j’essaie de rassembler les outils nécessaires pour signer un jour la fin des travaux de construction de ce chantier qui n’est encore qu’à ses débuts.