samedi 24 novembre 2018

Lettre à un débuté


Photo: Les Echo Start (https://start.lesechos.fr/rejoindre-une-entreprise/conseils-candidature/modele-lettres-motivation/lettre-de-motivation-auditrice-4230.php)


Cher débuté,

C’est avec passion et espoir en votre avenir   que je vous adresse cette note qui se veut être une ‘’note de travail et de mise en branle ’’, quelques heures après le lancement officiel de la campagne électorale pour les élections du 23 décembre 2018 en RDC. 

En ce moment précis où vous devez être   systématiquement et résolument au travail dans votre volonté de vous faire élire comme député, je vous écris pour deux grandes raisons :


  • -        Vous dire, à partir d'une vue d'ensemble des questions que posent nos sociétés aujourd'hui, ce que je pense et attends des prochaines élections, que vous me semblez bien avoir la mine de gagner et que tous et ensemble (congolais) pouvons réussir, selon mon propre vœu exprimé dans une de mes réflexions récentes (Lire RDC: Le choix à faire pour réussir les électionsdu 23 décembre prochain ).
  • -        Vous dire mon voeu de vous voir gagner ces élections, tout en vous offrant ma bénédiction.
Disons, de prime à bord, que les questions de notre RDC et de l’Afrique tout entière aujourd’hui concernent la banalisation de la "paresse intellectuelle", de la "mangeocratie obésifiante et mortelle", et de l’ignorance (Benoît Awazi ), qui font que nous sommes, aujourd’hui, incapables de comprendre ce qui se passe effectivement chez nous et de penser ce qu’il nous faut faire pour briser les chaînes de l’esclavage intellectuel et économique dans lesquelles nous sommes enfermés depuis le XVIème siècle.

Nos politiques sont manifestement très occupés à élaborer leurs politiques mangeocratiques et égoïstes pour s’intéresser aux vraies questions que posent nos sociétés aujourd’hui. Nos économistes sont fébrilement engagés dans une recherche effrénée d’argent pour s’adonner à l’économie du bonheur partagé. Nos médias ont, à ce qu’il parait, d’autres urgences que celles de nous garantir des espaces d’informations essentielles, des débats constructifs et sereins ou encore des orientations positives et fertiles. Ils sont pour autant dire, assez en dessous de grandes   questions   qui   agitent les   sociétés actuelles pour préparer adéquatement le futur des générations à venir, selon Théophile Obenga. Bref, nos élites tant politique, économique, intellectuelle, militaire, bureaucratique que traditionnelle, donnent, lorsqu’on les observe de très près, l’impression des mercenaires en activité dans une zone opérationnelle (Dieudonné Musibino Eyul’Anki). Dans des villes comme Goma et Bukavu, tout cela se fait sous l’œil nonchalamment innocent d’une jeunesse distraite dans sa majorité et sous le nez d’un citoyen lambda arbitrairement réduit à assurer sa survie. 

Face à la sauvagerie de la mondialisation néolibérale qui ne cesse de nous envelopper si étroitement, à la manière d’un mauvais sort, comme dirait Achille Mbembe, je crois qu’il nous faut un nouvel ordre. Un ordre plus éthique, plus savant et surtout plus humain : un ordre alternatif, avec des politiques alternatives.

Un tel ordre ne tombe d'aucun ciel. Il se construit, il s'organise, il s'anime grâce à la clairvoyance d'un certain leadership qui comprend dans quelle direction le peuple d'un continent ou d'un pays doit aller si il vise la prospérité, le développement, l'influence mondiale et le rayonnement planétaire, pour reprendre Kä Mana et Omer Tshiunza Mbiye.

Si vous ne l'avez pas encore fait, vous pouvez choisir d'être le porte-étendard de ce leadership. Vous pouvez faire de ce leadership votre projet et faire de nos territoires des centre d'un rayonnement africain, basé sur une politique alternative ; elle-même basée sur des nouvelles manières d'être, de penser, d'agir et se projeter dans l'avenir. Un tel projet est certes énorme et trop exigeant. Il imprime, tout de même, un caractère plutôt réaliste : il nous donne le devoir de changer les choses là où nous en avons le pouvoir. Il nous suggère de songer, d'abord et avant tout à notre "base", nous qui semblons soutenir que seul le sommet peut vraiment changer le cours des choses. Il faut ici prendre le mot "base" dans son sens plénier. Pas dans son sens nonchalamment simpliste qui se limite à susciter des sourires amusés dans le milieu congolais aujourd'hui.

Que la divine Providence vous donne le souffle et surtout la force de caractère qu'il vous faut pour incarner ce changement !

Bonne chance et beaucoup de courages !                                               
                                                       
Goma, le 22 novembre 2018

samedi 17 novembre 2018

RDC : Le choix à faire pour réussir les élections du 23 décembre prochain


Peu après la facétie de Genève au tours d’une candidature commune de l’opposition congolaise à la présidentielle annoncée en RDC pour le 23 décembre 2018, un journaliste indépendant m’a, désespérément en tout cas, interrogé en ces termes : Pouvons-nous, vraiment, réussir ces élections ? Le peuple congolais, peut-il, vraiment réussir ces élections ? Ma réponse s’est voulue volcanique et brève. La voici.

Les problèmes de la RDC aujourd'hui sont énormes et bien plus profonds qu'ils en donnent l'air. Ils s'enracinent dans un étourdissement aussi bien de l'élite congolaise (au sens pluriel du terme) que du citoyen lambda lui-même.

Lorsqu' un peuple est confronté à ce genre de problème, il se retourne vers lui-même, rassemble ses forces vitales, les énergies ainsi que le génie de ses filles et fils. Il ne fait surtout pas le contraire. Il ne cède pas à la naïveté d'attendre des solutions miracles. Surtout pas de la part d'une agitation électorale pire et simple comme nous risquons bien d'en faire le 23 décembre 2018, si nous nous ne faisons pas le choix qu'il nous convient urgemment de faire. 

A près la fâcheuse aventure de Genève et les limites caustiques dont elle a fait montre, je pense, pour ma part, à la suite du philosophe congolais Kä Mana, que ce choix est celui de sortir du projet gagnants-perdants selon lequel nos élections se préparent manifestement et entreprendre de faire résolument et ensemble des élections où tout le monde gagne. 

Cela non seulement à l’échelle des luttes politiques complètement dérisoires qui se mènent maintenant entre partis politiques, mais surtout à l’échelle des relations entre les différents leaders (au sens global du terme) et le peuple dans son ensemble.

Dans l'état actuel de nos sociétés, il paraît quelque peu illusoire d'attendre des élections des hommes nouveaux ou encore un véritable changement dans la gestion de la res publica. Dans un passé récent, la seule chose que les élections ont vraiment réussi à faire dans les sociétés africaines, c'est déshabiller St Pierre pour habiller St Paul. On les a même vus, plus d'une fois, se complaire de glisser une casaque grise au dessus de la casaque noire d'un seul type.

Ce qui compte, dit justement Kä Mana, c'est de comprendre qu’il est toujours important pour un peuple de refonder sa destinée en entrant dans un grand débat avec lui-même grâce à la solennité qu’il donne à certains moments de son histoire en les transformant en creuset d’un face à face avec son propre destin. Les élections annoncées en RDC pour le 23 décembre 2018 peuvent être ce grand moment de confrontation solennelle avec nous-mêmes. C’est le moment où il ne s’agit pas de s’accuser les uns les autres sur ce qui ne va pas chez nous et de nous lancer à la figure tous les péchés d’Adam et tous les défauts d’Eve dont nous sommes tous conscients à un degré ou à un autre aujourd’hui, mais de nous poser des questions essentielles et fondamentales sur nous-mêmes et notre pays.

Ces questions, Kä Mana les pose en ces termes:

-        Pourquoi ce pays qui est le nôtre n’arrive-t-il pas à produire autre chose que la crise dans laquelle nous sommes depuis notre indépendance ?
-        Pourquoi le leadership auquel nous avons doté notre action souffre-t-il de tant de carences de génération en génération ?
-        Pourquoi le mal congolais est-il devenu une structure fondamentale de notre société?
-        Quelles sont nos responsabilités individuelles et communautaires dans ce qui nous arrive depuis si longtemps ?
-        Que devons-nous faire pour changer l’orientation de notre destin et construire une grande destinée congolaise ?
-        Où sont nos devoirs et nos pouvoirs à assumer pour faire émerger un Congo nouveau ?

Pour le penseur Congolais, il y a dans ces questions une exigence d’auto-évaluation constructive pour chaque Congolais et pour tout le peuple Congolais, qui devrait constituer le cadre dans lequel nous devons penser le processus électoral du 23 décembre prochain.

A ce qu'il paraît, le cours naturel des ces élections conduit à une catastrophe. Mais si nous réussissons à les maîtriser et à les réorienter, un autre avenir est possible. Nous pouvons donner un sens à ces élections. Nous pouvons les réussir. Tous. Si nous faisons le bon choix, chacun à son niveau.