Le
samedi 31 mars 2018, en collaboration avec le Programme
d’Accompagnement des Étudiants (PAE) de l’Université Libre des
Pays des Grands Lacs, les membres de l’Université Alternative de
Pole Institute réunis au sein du groupe JAMAA
Grands-Lacs ont organisé une journée de réflexion à
l’intention des jeunes venus de différents horizons universitaires
du Rwanda et du Nord-Kivu ainsi que des mouvements sociaux et de la
sphère des blogueurs de la ville de Goma. Le thème proposé était
celui de « l’engagement
des femmes de la sous-région et leur implication dans la
transformation sociale ».
Pour
cette séance de réflexion, quatre intervenants ont successivement
traité de préoccupations suivantes :
-
Femmes et emploi : enjeu majeur pour l’égalité du genre en RDC
-
La nouvelle conception de la parité aujourd’hui
-
Les Valeurs culturelles africaines, ferment du nouveau combat de la femme contemporaine
-
Les nouveaux enjeux du genre dans un contexte d’un néolibéralisme décadent
Pour
les 2 premières interventions, Winnie Makasi (JAMAA Grands
Lacs) et Dorcas Kabuo (PAE) ont présenté un état de lieu et
une monographie (chiffres à l’appui) du genre tel qu’il est
conçu et mis en application aujourd’hui en République
démocratique du Congo particulièrement. Ces deux exposés ont eu le
mérite d’avoir affirmé qu’il ne suffisait pas de se battre pour
la modification de la condition socio-économique de la femme pour
qu’elle soit transformée et participe au changement social
collectif. Bien que ce facteur ait un intérêt de choix dans le
processus de la transformation sociale, il faudrait qu’il entraîné
les conséquences morales, sociales et culturelles pour faire advenir
une transformation positive, profonde et réussie. On comprend alors
que la question de l’emploi n’aura de sens pour les femmes que si
elle concerne un changement radical dans les relations entre le genre
masculin et le genre féminin dans la société actuelle.
Le
jeune chercheur Arsène
Ntamusige, troisième intervenant, a d’entrée de jeu présenté
le genre comme une sphère de la réalité ayant ses règles, ses
normes, ses savoirs, ses exigences, ses forces et ses pouvoirs dont
il faut tenir compte et savoir comment se conduire efficacement dans
sa dynamique. Dans sa réflexion conduite sur la base de la pensée
de Simone de Beauvoir et des féministes africaines d’aujourd’hui,
il a proposé de rechercher dans les valeurs culturelles africaines
le principe de pouvoir que la femme d’Afrique devra respecter afin
qu’elle ne se retrouve entre les mailles des problèmes qu’elle
pourrait prévoir dans son combat dont les perspectives devront être
à la fois féministe et humaniste. Cela veut dire que la femme
cessera de suivre l’homme qui ne va décidément nulle part, avec
son néolibéralisme décadent actuel et qu’elle conduira le monde
vers un autre palier d’humanité dont parle le sénégalais Felwine
Sarr.
En
posant la question de savoir de quelle instruction le monde a besoin
aujourd’hui et quel engagement il faut promouvoir en matière de
genre, Innocent Mpoze de l’Université Alternative a soutenu dans
son exposé que la réussite de l’engagement genre sera holistique
ou ne sera pas. Cela veut dire qu’il nous faut aujourd’hui un
engagement qui met au cœur de l’action la lutte contre toutes les
dynamiques destructrices présidées par l’idéologie néolibérale
dichotomique, qui subdivise le monde en deux pôles : le pôle
des ayants-parts et le pôle des sans-noms.
Après
ces quatre interventions, il s’en est suivi une séance de
réflexion commune sous la modération de Justin Lufungi de PAE. Ce
fut un débat fructueux pour engager les jeunes à assumer les
exigences du genre dans leur lutte pour la transformation sociale.
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