samedi 14 avril 2018

Journée de réflexion organisée par Jamaa Grands-Lacs à l’Université Libre des Pays des Grands-Lacs sur le combat de la femme et la transformation sociale

Le samedi 31 mars 2018, en collaboration avec le Programme d’Accompagnement des Étudiants (PAE) de l’Université Libre des Pays des Grands Lacs, les membres de l’Université Alternative de Pole Institute réunis au sein du groupe JAMAA Grands-Lacs ont organisé une journée de réflexion à l’intention des jeunes venus de différents horizons universitaires du Rwanda et du Nord-Kivu ainsi que des mouvements sociaux et de la sphère des blogueurs de la ville de Goma. Le thème proposé était celui de « l’engagement des femmes de la sous-région et leur implication dans la transformation sociale ».
Pour cette séance de réflexion, quatre intervenants ont successivement traité de préoccupations suivantes :
  1. Femmes et emploi : enjeu majeur pour l’égalité du genre en RDC
  2. La nouvelle conception de la parité aujourd’hui
  3. Les Valeurs culturelles africaines, ferment du nouveau combat de la femme contemporaine
  4. Les nouveaux enjeux du genre dans un contexte d’un néolibéralisme décadent

Pour les 2 premières interventions, Winnie Makasi (JAMAA Grands Lacs) et Dorcas Kabuo (PAE) ont présenté un état de lieu et une monographie (chiffres à l’appui) du genre tel qu’il est conçu et mis en application aujourd’hui en République démocratique du Congo particulièrement. Ces deux exposés ont eu le mérite d’avoir affirmé qu’il ne suffisait pas de se battre pour la modification de la condition socio-économique de la femme pour qu’elle soit transformée et participe au changement social collectif. Bien que ce facteur ait un intérêt de choix dans le processus de la transformation sociale, il faudrait qu’il entraîné les conséquences morales, sociales et culturelles pour faire advenir une transformation positive, profonde et réussie. On comprend alors que la question de l’emploi n’aura de sens pour les femmes que si elle concerne un changement radical dans les relations entre le genre masculin et le genre féminin dans la société actuelle.

Le jeune chercheur Arsène Ntamusige, troisième intervenant, a d’entrée de jeu présenté le genre comme une sphère de la réalité ayant ses règles, ses normes, ses savoirs, ses exigences, ses forces et ses pouvoirs dont il faut tenir compte et savoir comment se conduire efficacement dans sa dynamique. Dans sa réflexion conduite sur la base de la pensée de Simone de Beauvoir et des féministes africaines d’aujourd’hui, il a proposé de rechercher dans les valeurs culturelles africaines le principe de pouvoir que la femme d’Afrique devra respecter afin qu’elle ne se retrouve entre les mailles des problèmes qu’elle pourrait prévoir dans son combat dont les perspectives devront être à la fois féministe et humaniste. Cela veut dire que la femme cessera de suivre l’homme qui ne va décidément nulle part, avec son néolibéralisme décadent actuel et qu’elle conduira le monde vers un autre palier d’humanité dont parle le sénégalais Felwine Sarr.

En posant la question de savoir de quelle instruction le monde a besoin aujourd’hui et quel engagement il faut promouvoir en matière de genre, Innocent Mpoze de l’Université Alternative a soutenu dans son exposé que la réussite de l’engagement genre sera holistique ou ne sera pas. Cela veut dire qu’il nous faut aujourd’hui un engagement qui met au cœur de l’action la lutte contre toutes les dynamiques destructrices présidées par l’idéologie néolibérale dichotomique, qui subdivise le monde en deux pôles : le pôle des ayants-parts et le pôle des sans-noms.

Après ces quatre interventions, il s’en est suivi une séance de réflexion commune sous la modération de Justin Lufungi de PAE. Ce fut un débat fructueux pour engager les jeunes à assumer les exigences du genre dans leur lutte pour la transformation sociale.

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