La trame de ce livre
trace la voie d’un christianisme global africain comme projet à l’intention du
monde d’aujourd’hui, dans une perspective d’inter-fécondation des confessions
chrétiennes de foi ouvertes aux dynamiques culturelles de différentes matrices
spirituelles de l’humanité. Dans le contexte actuel de quête d’une
altermondialisation à la hauteur de grands rêves et de grandes espérances des
peuples, cette voie fait partie de nouveaux enjeux de la mission des
communautés chrétiennes du continent africain.
J’entreprends de la
penser ici à partir de mon propre itinéraire de chrétien et de ma propre
expérience de vie comme théologien africain. Il s’agit de l’expérience et de
l’itinéraire d’un homme qui a quitté son pays, la République Démocratique du
Congo, et son Eglise-mère, l’Eglise catholique, sans rompre les amarres, dans
le but de se mettre sur les routes du vaste monde des civilisations, des
nations, des cultures et des confessions religieuses, avant d’entreprendre un
retour progressif vers sa terre natale et son Eglise d’origine, le cœur plein
de richesses récoltées au cours d’un voyage qu’il a considéré comme un voyage
initiatique au sein de quêtes spirituelles essentielles de l’humanité.
Dans les textes que je
propose ici, je me suis concentré sur le monde des christianismes et les
horizons chrétiens de la foi dont je sens qu’ils ne peuvent être aujourd’hui
pour l’Afrique qu’un appel à une mission mondiale des communautés chrétiennes
africaines. Cette mission, c’est de proposer à l’ensemble de l’humanité la
vision d’un christianisme global ouvert à toutes les forces spirituelles et
religieuses des peuples, à partir de l’expérience africaine de la vie dans les
vicissitudes de l’histoire. Surtout l’histoire du monde moderne qui a été pour
notre continent un vrai destin initiatique dont les chrétiens devraient
maintenant saisir et vivre le sens profond.
Quand on a subi ce que
nous avons subi, nous Africains, dans le monde moderne, après avoir été ce que
nous avons été dans la construction de l’idée d’humanité dans l’histoire, on
porte des valeurs, on possède des espérances et on nourrit des rêves qui sont
essentiels pour de nouvelles perspectives spirituelles au service du monde
comme celui où nous vivons : ce monde à transformer par une nouvelle énergie
de foi que désigne le terme d’altermondialisation.
Convaincu que cette
énergie a besoin de la contribution de tous ceux qui croient que le monde peut
être changé en communauté de destinée et transformé en limon du bonheur
partagé, je propose ici ce que mon itinéraire initiatique m’a appris concernant
l’exigence d’inter-fécondation des communautés chrétiennes pour l’émergence
d’un christianisme global au cœur du monde global.
Je vois ce christianisme
comme un espace de regard, de vitalité nouvelle et d’interrogation critique sur
ce que sont et vivent les chrétiens et les chrétiennes d’Afrique dans les
profondeurs de leur foi. Avec toutes leurs richesses et toutes leurs limites,
dans toutes leurs splendeurs et toutes leurs faiblesses. Tout cela selon la perspective
d’enrichir et de se laisser enrichir par les innombrables imaginaires
spirituels où Dieu deviendrait un ferment d’avenir, si l’humanité décide de
devenir suffisamment lucide pour rompre avec toutes les pathologies où les
religions se sont enfermées et ont enfermé le monde tout au long de leur
histoire tourmentée et tumultueuse.
L’Afrique peut-elle
assumer aujourd’hui cette mission ? Sans aucun doute. Il faudra pour cela
une vision forte d’un panafricanisme spirituel que mon itinéraire dans les christianismes
africains me fait sentir comme une possibilité de nouvelle vitalité humaine et
de nouvelle saveur d’avenir, avec des hommes et des femmes de foi, avec des
peuples et des nations décidées véritablement à changer le destin de la planète
sur la base du courage de croire aux possibilités d’un autre monde possible
qu’offrent la ferveur de Dieu en l’homme et l’espérance de l’homme en Dieu.
Je crois fermement à cet
horizon et j’ai écrit ce livre pour dire comment l’Afrique pourra l’ouvrir et
s’y engager à travers le ferment de ses christianismes.
Kä Mana, Secrétaire général de l’AOTA
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